Il y a très longtemps, alors qu’il n’y avait que l’hiver, existait une petite famille composée d’une mère, d’un père et de leur jeune fils.
Les parents étaient exaspérés des poux de leur fils. Tous les soirs, ils devaient lui enlever les poux de la tête, en vain. Jour après jour après jour après jour, le petit avait toujours des poux. Pour les parents, ça en fut assez et ils décidèrent de l’abandonner, se disant que les poux viendraient à bout de lui de toute façon.
Ayant un mode de vie nomade, la famille planifiait déjà de s’installer ailleurs. Le père partit donc à l’avant pour érider le prochain campement de la famille. La mère et le petit restèrent à l’arrière pour ranger leurs biens.
En se préparant pour sortir, le petit demanda à sa mère de l’aider à mettre ses mocassins qui étaient haut perchés au-dessus du foyer. Elle lui répondit qu’elle le ferait après avoir mis les siens. Une fois ses propres mocassins sur ses pieds, elle se mit à préparer leurs choses dans ses sacs. Le petit lui demanda encore de l’aider avec ses mocassins. Elle lui répondit qu’elle l’aiderait après avoir terminé de ramasser leurs biens. Une fois leurs biens ramassés, elle se mit à les placer sur le traineau. Le petit lui demanda une nouvelle fois de l’aide pour mettre ses mocassins. Elle lui dit qu’elle l’aiderait après avoir terminé de placer leurs bien sur le traineau. Une fois leurs biens placés sur le traineau, elle mit ses raquettes et partit avec le traineau.
Le petit, effrayé, se mit à courir après sa mère dans la neige en criant et en pleurant. Il réussit à atteindre le traineau, mais sa mère le poussa dans la neige. Elle ne regarda pas derrière et s’en alla avec le traineau et leurs biens. Finalement, le garçon n’en pouvait plus et cessa de courir. Ses petits pieds étaient brûlés par le froid et la glace, son corps frêle grelottait dans la température à lui glacer les os.
Le garçon retourna donc dans la maison, laissant la porte entrouverte. Il pleura et pleura jusqu’à ce qu’il aperçoive un géant qui s’approchait à grands pas de la maison. Le petit ne connaissait l’existence que d’un seul géant, Atshen, cet esprit cannibale qui chasse à travers le pergélisol. Il dit donc à haute voix : » C’est Atshen qui vient me rejoindre! ».
Le géant, l’ayant entendu l’appeler Atshen, lui dit : « Ne crois-tu pas que c’est ta mère qui est Atshen? C’est elle qui t’a abandonné ». Le petit dut bien admettre que sa mère l’avait effectivement abandonné.
Mestenapeo, le géant, demande ensuite au petit pourquoi ses parents l’avaient laissé derrière. Le garçon expliqua que ça devait être à cause de ses poux. L’homme gigantesque le dépouilla donc, ne laissant qu’un pou mâle, un pou femelle et une larve. Ceux-ci occuperaient ses parents les soirées d’hiver, expliqua-t-il.
Après une bonne nuit de sommeil, le garçon et Mestenapeo se mirent en marche vers le nouveau campement des parents. Pour s’y rendre plus rapidement, Mestanapeo mit son petit-fils dans son mocassin. Le garçon pouvait y rester au chaud tout en jettant un coup d’œil à l’extérieur à travers le trou dans le mocassin.
Lorsqu’il vit un porc-épic, le petit fit signe à son grand-père qu’ils pourraient le chasser, le faire cuire et le manger. Le géant lui répondit que le porc-épic était trop jeune, qu’il retiendrait trop de cendres. Ils continuèrent donc leur chemin afin d’en trouver un plus âgé, histoire qu’il cuise mieux et ait assez de viande. Ils en trouvèrent un, lui brûlèrent ses épines, cuisirent l’animal, puis le mangèrent.
Rassasiés, le garçon et le géant continuèrent leur chemin. Un peu avant le coucher du soleil, le duo arriva près du campement des parents. Mestenapeo retira le petit garçon de son mocassin et lui demanda comment il se sentait. Ne ressentant aucune rancune, le garçon lui répondit qu’il était excité de revoir ses parents.
Les parents du garçon furent très surpris de revoir leur enfant, mais surtout heureux d’être réunis. Le petit avait beau n’avoir aucune colère contre ses ascendants, ceux-ci se sentaient coupable de l’avoir abandonné et n’arrêtaient pas de l’embrasser, se réjouissant de son retour, qui plus est, dépouillé!
Cependant, quand les parents regardèrent Mestenapeo, une peur se lisait sur leur visage. Le père et la mère le prirent pour un Atshen! Mestenapeo se doutait de leur réflexion et les devança en disant qu’il n’était pas Atshen, que c’était eux les Atshen, d’avoir abandonné leur enfant comme cela dans la forêt!
La mère et le père se regardèrent, mais ne puirent qu’acquiescer. Ils demandèrent alors qui l’avait amené au campement. Mestenapeo répondit que leur fils l’avait amené avec lui. « C’est mon grand-père », dit le garçon, tout souriant.
Le géant Mestenapeo se transforma alors en homme de taille moyenne et le petit lui donna tout de suite un câlin.
La petite famille travailla sur la nouvelle demeure traditionnelle ensemble, se créant une nouvelle maison pour les temps à venir. Mestenapeo prit aussi part à la tâche comme il le put, sous l’œil critique de la mère, qui ne le voulait pas avec eux.
Tous les jours, le garçon et son père partirent chasser et, tous les jours, le petit demanda à son grand-père ce qu’il voulait qu’il lui ramène. Mestenapeo lui répondait toujours « les poumons et le foie! ».
Une belle journée durant laquelle le petit était parti à la chasse avec son père, les chiens ne cessaient d’aboyer. La mère, amère, murmura « Il pourrait bien faire quelque chose, comme faire taire les chiens, au moins! », référant à Mestenapeo.
L’homme entendit et la confronta.
— Je sais que tu ne veux pas que je sois ici, alors je vais partir, mais attention à ne pas réussir à réconforter ton fils!
Le géant devenu homme s’en alla au loin.
Lorsque le garçon revint au campement, il tenta de trouver son grand-père pour lui présenter les poumons et le foie, mais ne le trouva point. Voyant ses traces dans la neige, il le retrouva et lui demanda de revenir. Le grand-père lui dit qu’il ne pouvait pas, puisque sa mère avait de mauvaises pensées à son égard. Il devait donc s’en aller.
Redevenu géant, Mestenapeo souffla sur le petit, qui tomba à la maison d’un coup. Le garçon, ne désirant pas voir son grand-père partir, lui courut encore après. Le géant souffla de nouveau et le petit attérrit encore à la maison d’un coup. Une troisième fois, le petit tenta de ratrapper le géant, mais celui-ci utilisa son pagne pour faire une barrière entre le petit et lui-même afin qu’il ne puisse plus le suivre.
— Tu me reverras, petit. Il te suffira de te faire une maison avec du bois d’épinette et je reviendrai te voir.
Le petit s’en retourna donc au campement, l’air piteux, de grosses larmes lui coulant sur les joues. Les jours passèrent, suivis des semaines et le petit était toujours inconsolable. Son chagrin ne laissait aucune place et ne cessait de grandir. Un jour, le père de l’enfant lui demanda ce qui le réconforterait. Le petit garçon répondit qu’il aimerait chasser les oiseaux d’été.
Le problème est qu’il n’y avait pas d’été, il n’y en avait jamais eu! Il y eu donc un gros conseil des animaux d’hiver pour déterminer qui irait chercher les étés. Le caribou, le loup et le pécan y mirent tous la patte.
Le groupe rencontra d’abord deux chouettes, quasiment aveugles, et leur demanda si elles savaient comment trouver l’été. Elles répondirent négativement et envoyèrent les animaux vers le castor, non loin de là. Une fois arrivés chez le castor, celui-ci les envoya plus loin encore, parler à un autre animal. Ainsi de suite, le regroupement d’animaux se retrouvèrent de plus en plus proche du pays d’été.
Une fois à la frontière, les animaux durent réfléchir et trouver une façon de voler l’été. Au loin, ils pouvaient voir le campement des gens d’été. Un shaputuan y était érigé et des chansons entrainantes provenaient de la structure. La chouette décida donc d’aller voir ce qui s’y passait en regardant par un trou du mur. Aussitôt découverte, on lui brûla le nez avec des cendres, ce qui lui donna son air actuel de chouette cendrée.
Tout de même, la chouette avait réussi à voir où se trouvaient les oiseaux d’été. Ceux-ci étaient accrochés au plafond de chaque côté du shaputuan. Le lendemain, le caribou fit diversion en traversant la rivière, ce qui entraina les gens d’été à le poursuivre. Cependant, le castor, bien caché sous l’eau, rongea le dessous des canoës et fit couler les embarcations.
Pendant ce temps, les autres animaux étaient en train de voler l’été et les oiseaux d’été au campement. Lorsque les gens d’été s’en rendirent compte, ils sortirent de l’eau et se mirent à poursuivre les animaux, disant qu’ils avaient besoin de leur été.
Les animaux expliquèrent qu’ils nécessitaient également l’été pour consoler un petit garçon. Les gens d’été et les bêtes prirent donc un arrangement d’alterner les saisons, soit six mois d’été et six mois d’hiver, afin que chacun puisse bénéficier de la saison chaude.
Enfin, les animaux retournèrent à la maison et emportèrent avec eux l’été et les oiseaux d’été. Le garçon put donc enfin chasser les oiseaux d’été et se consola!
Cependant, les oiseaux ne voulaient pas être décimés, donc ils eurent l’idée de proposer au garçon de devenir un oiseaux avec eux. Le petit se transforma donc lui-même en oiseau d’été.
Cet événement détermina l’alternance de l’été et de l’hiver.
La série Contes de fée méconnus englobe des contes, mythes et légendes varié.e.s provenant des quatre coins du monde. Pour en lire davantage, visitez cette page dédiée aux articles de fiction.
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