Un soir d’hiver en ville se trouvait une pauvre petite fille. Elle portait un manteau trop petit, qui lui avait fait il y a plusieurs saisons déjà, ainsi que des bottes trop grandes qui peinaient à tenir sur ses pieds. Alors que chacun et chacune s’affairait à faire leurs commission de dernière minute pour préparer le réveillon du nouvel an, la petite fille déambulait sur le trottoir en essayant de vendre des paquets d’allumettes. Soit trop occupé.e.s à regarder leur téléphone, soit croyant qu’elle faisait partie d’une supercherie, les personnes qui la passaient ne faisaient que l’ignorer. Malgré la foule qui s’affairait, la pauvre petite fille était seule au monde.
Lorsqu’elle voulut traverser la rue en direction de chez elle, la fille passa près de se faire frapper par un conducteur qui traitait la route comme un jeu vidéo dans lequel chaque seconde gagnée lui vaudrait des points bonis, au détriment des PNGs. Ainsi, en courant pour éviter sa mort, la petite perdit ses souliers. Lorsqu’elle se retourna pour aller les chercher sur la route, elle vit qu’un saint-bernard avait déjà dérobé l’une des chaussures et que l’autre avait été déchirée par les roues des autos. La petite soupira, des larmes gelant sur ses joues, et continua son chemin sur le trottoit glacial.
— Au moins, j’ai toujours mes chaussettes, se dit-elle à voix basse.
Ses chaussetes avaient été tricotées par sa chère grand-maman pour Noël. Elles étaient en laine rouges et vertes et garnies de ponpons tout doux! Comme la fille s’ennuyait de sa grand-mère tant! Elle était la seule personne qui se préoccupait réellement d’elle dans ce monde. Son père ne ferait que l’envoyer au lit sans manger si elle revenait à la maison sans avoir vendu ses allumettes.
Lorsque la nuit tomba doucement sur le dernier jour de l’année, la petite s’approcha des fenêtres illuminées à travers lesquelles elle pouvait entrevoir de multiples convives attablé.e.s autour d’une géante tourtière maison posée sur une table bien garnie. La petite fille continua de marcher, ses pieds engourdis par la glace. Elle aperçut une foule buvant à grandes gorgées des pintes débordantes de mousse. Un groupe de musique faisait danser la salle et les échos de la mélodie vinrent réchauffer le cœur frigorifié de la petite, au moins un instant.
La jeune continuasa marche, jusqu’à ce qu’elle trouve un banc enneigé. Elle ne pouvait s’y coucher, puisque des barres de métal l’en empêchaient, mais elle pouvait au moins s’y mettre en boule dans son manteau. Elle se recrovilla sur elle-même, assise toute seule dans la pénombre d’une lumière de rue brûlée, et décida d’allumer une allumette pour rechauffer ses doigts.
Lorsqu’elle alluma la première, elle vit un grand feu de cheminée derrière la flamme. Il brillait avec la force d’un énorme feu de camp et lui réchauffait les doigts. Lorsque la petite tenta d’étirer ses jambes pour que ses pieds touchent la chaleur eux aussi, le feu de cheminée disparut. La petite alluma donc une deuxième allumette. Dès que la lumière apparut au bout du bâtonnet de carton, une scène exquise entoura la petite fille. Elle était attablée avec sa propre famille, mais plutôt qu’une armoire vide, elle vit un comptoir et un réfrigérateur remplis de délicieuses denrées comme n’en avait jamais vues. Lorsque la fille tenta de prendre une cuisse de dinde pour assouvir son estomac vide, la table et les convives disparurent. La petite alluma donc une autre allumette et vit une boule de lumière s’approcher d’elle.
— Grand-maman? demanda-t-elle.
Elle n’en croyait pas ses yeux. Sa grand-mère était morte il y avait seulement quelques jours. Rêvait-elle? La petite l’appela encore et encore, la suppliant de l’amener avec elle. Elle lui promit d’être sage, de ne pas la déranger et de toujours aller au lit à la bonne heure. La grand-mère lui prit la main, puis la flamme de la dernière allumette s’éteignit.
Le lendemain, les yeux encore endormis du réveillon de la nuit passée, on trouva une dame gelée sur une banc, sans vie. Après avoir déterminé son identitée, on mit la faute sur son état mental, sur sa pauvreté, mais nul.le ne questionna comment on avait pu laisser une personne mourir de froid sur une rue passante. On se moqua même d’elle pour avoir tenté de se réchauffer avec des allumettes.
La série Contes de fée méconnus englobe des contes, mythes et légendes varié.e.s provenant des quatre coins du monde. Pour en lire davantage, visitez cette page dédiée aux articles de fiction.
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