Morozko — Contes de fée méconnus

Durant un dur hiver très long et glacial, un mari et une femme vivaient ensemble avec leur deux filles, chacune issue d’un mariage précédent. La vieille dame avait beau chérir et choyer sa propre fille, elle ne pouvait que détester celle de son mari. La pauvre jeune femme était forcée de faire toutes les tâches ménagères et n’en recevait que des reproches, de l’abus et à peine assez de nourriture pour subsister.

Les gens du village voyaient bien que la marâtre maltraitait sa belle-fille, même si son propre père y semblait indifférent. La jeune femme était adorée des personnes dans le voisinage pour sa gentillesse et son authenticité, tandis que la demi-sœur était haïe pour sa paresse et son refus de contribuer à quoi que ce soit.

Un beau jour, le père dut se rendre au marché dans un village voisin. Dès son départ, la marâtre se tourna vers sa belle-fille et lui demanda d’aller chercher du petit bois dans la forêt.

— Mais.. n’avons-nous pas assez de bois pour la semaine, répondit-elle en regardant la haute pile de branches et de bûches près du foyer.

— Comment oses-tu rouspéter? Allez, pars immédiatement! s’écria la vieille dame en poussant la jeune femme hors de la demeure sans même un foulard ou une tuque en laine.

La belle-fille grelotta rapidement dans l’air glacial, mais s’affaira tout de même à partir à la recherche de broussailles dans les bois pour pouvoir rentrer au plus vite.

Pendant ce temps, la belle-mère et sa fille se préparaient à manger les pâtés de viande fraîchement cuisinés et cuits par la jeune femme dans les bois. Alors qu’elles dégustaient le contenu de leur assiette, la chienne de la maison se mit à aboyer.

— Ouaf! Ouaf! Ouaf! La jeune femme dans les bois sera choyée et la paresseuse sera punie!

La belle-mère donna un coup de pied à la chienne, la disputant d’aboyer de telles âneries.

— Ma belle-fille ne reviendra jamais d’une telle tempête, dit la vieille femme, affichant un air prétentieux.

La jeune femme dans les bois avait beau ne pas être témoin de cet échange, elle se doutait bien que sa belle-mère l’avait envoyée dehors par un tel froid pour une raison néfaste. Après avoir marché dans les bois pendant un moment, une énorme bourrasque de vent se leva, forçant la jeune femme à partir se réfugier sous les branches enneigées d’un grand sapin.

Dès que le vent se leva, on entendit un bruit de pas étouffé par le grand manteau blanc revouvrant le sol de la forêt. Soudain, la jeunne femme aperçut Morozko la regarder d’un œil confus.

— Que fais-tu ici par un tel temps, jeune demoiselle?

— On m’a envoyée chercher du petit bois pour le feu, dit-elle.

— Toi et moi savons tous deux très bien que ce n’est pas la vraie raison pour laquelle on t’a envoyée dehors en pleine tempête hivernale, répondit Morozko en soupirant. Voici un rouet t une quenouille. Peux-tu me filer et me tordre du fil, puis me tisser et me coudre un chandail?

La jeune femme acquiesça, consciente que le travail la réchaufferait quelque peu. Elle s’empressa de commencer sa tâche, ignorant le froid mordant ses minces doigts jusque tard dans la nuit frigide.

Au matin, Morozko revint la voir et la jeune femme lui donna le chandail terminé.

— Voici une récompense mesurable à ton travail, lui dit Morozko.

Il révéla un grand coffre forgé, duquel il sortit un grand manteau de fourrure dans lequel il emmitoufla la jeune femme avant de lui mettre un épais foulard autour du cou. Il ferma ensuite le coffre rempli de trésors, dit au revoir à la demoiselle, puis s’en alla en marchant dans la neige épaisse.

À la chaumière familiale, le père de la jeune femme revenait du marché. Il entra dans la maison pour saluer sa famille, mais n’y trouva pas sa fille. Lorsqu’il questionna sa femme sur le sujet, elle lui répondit que sa fille était partie chercher du bois la veille, mais n’était pas encore revenue. Inquiet, le vieil homme attela son cheval à son traineau et partit vers les bois.

Après quelques minutes à chevaucher à toute vitesse, il trouva sa fille assise sur un grand coffre forgé en bord de route. Il fut tellement heureux de la retrouver qu’il la sera fort contre lui, au point de lui couper le souffle. Il mit ensuite le coffre et sa fille dans la traineau attaché et retourna à la maison sur son cheval.

Lorsque le vieil homme revint à la résidence familiale avec sa fille, sa femme n’eut d’yeux que pour le magnifique coffre forgé. Avant même que père et fille n’enlèvent leur manteau, la marâtre avait déjà habillé sa fille chaudement pour aller chercher de magnifiques récompenses qu’elle savait de Morozko.

— Moi, ja ramènerai deux coffres forgés, dit prétentieusement la fille de la vieille femme avant de sortir.

Or, la jeune femme ne savait pas ce qui l’attendait. Elle se dirigea ves les bois, jusqu’à atteindre une grande épinette bleue, sous laquelle elle trouva refuge.

Soudain, elle sentit une forte bourrasque de vent et sut que Morozko approchait. Elle l’appela à tue-tête.

— Que fais-tu ici par un tel temps, jeune demoiselle? demanda Morozko.

— Je suis venue vous demander des cadeaux, répondit la jeune femme.

— Voici des aiguilles à tricoter et une balle de laine, tricote-moi une paire de mitaines, lui donna comme instructions Morozko avant de disparaître au loin.

La jeune femme jeta les aiguilles et la balle de laine dans la neige en relevant le nez.

— Je ne me gèlerai pas les mains à faire des mitaines, grommela la jeune femme avant de s’asseoir sous l’épinette en soupirant.

Au matin, Morozko revint voir la jeune femme.

— Où sont mes mitaines? demanda-t-il.

— Il faisait trop froid pour tricoter, répondit la jeune femme. Où sont mes cadeaux?

Morozko plissa les yeux, puis secoua la tête.

— Voici une récompense mesurable à ton travail, dit Morozko en s’en allant à grands pas.

Un blizzard entoura souainement la jeune femme et la neige sur les branches de l’épinette bleue tomba sur sa tête. la coinçant sous une épaisse couche de neige. La jeune femme creusa une sortie en criant de frustration, puis se mit sur le chemin du retour en sacrant haut et fort. Cependant, après quelques minutes, la jeune femme mit le pied sur un monticule de neige molle et tomba dans un ravin profond.

Alors que sa fille se battait contre le gel frigorifiant du blizzard, sa mère vantait les prétendues talents et les vertues imaginées de sa progéniture à son mari et à sa belle-fille.

— Ouaf! Ouaf! Ouaf! aboya la chienne. De la méchante jeune femme on ne trouvera que des os, elle ne reviendra jamais des bois!

La vieille femme donna un coup de pied à la chienne pour la faire taire. La jeune femme et son père froncèrent les sourcils.

— Tais-toi, sac à puces! dit la belle-mère. Elle reviendra avec davantage de cadeaux que sa demi-sœur.

Lorsque le soleil commença à descendre dans le ciel, la vieille femme s’inquiéta pour sa fille et envoya son mari la chercher dans les bois. Il chercha pendant plusieurs heures dans le blizzard, mais revint bredouille, la barbe recouverte de frimas. La vieille dame le traite de bon à rien et s’habilla pour sortir et aller chercher sa fille elle-même.

Elle marcha longtemps dans le blizzard, tentant en vain d’appeler sa fille adorée, ses cris étouffés par l’épaisse neige qui l’entourait. Éventuellement, son manteau fut recouvert de tant de glace et de flocons qu’elle ne puit continuer d’avancer et prit refuge sous un arbre et s’y endormit dans le froid extrême.

À la chaumière, on attendit que le blizzard se dissipe, puis on partit à la recherche des deux femmes avec de multiples personnes du voisinage. La recherche dura trois jours avant qu’il devienne évident que les deux femmes ne reviendraient jamais.

Le vieil homme et sa fille continuèrent ainsi à vivre ensemble avec leur chienne, débarrassé.e.s des méchantes femmes qui tentaient constamment de ruiner leur vie.

Lorsque le printemps se pointa le bout du nez dans le village, un forgeron aimable s’éprit de la jeune femme et les jeunes gens finirent pas se marier.

Le couple et le vieil homme vécurent heureux leurs vies durant dans l’harmonie et la joie.

La série Contes de fée méconnus englobe des contes, mythes et légendes varié.e.s provenant des quatre coins du monde. Pour en lire davantage, visitez cette page dédiée aux articles de fiction.

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